Saturday, October 22, 2011

Vous avez dit "argent propre"

Vous avez dit “argent propre” ?

Les défenseurs du fric éthique nous disent qu’il est possible d’investir dans la paix plutôt que la guerre. Qu’il vaut mieux “faire fructifier son argent” dans des secteurs tels que la recherche médicale, le développement économique… et plus généralement dans la technologie “bénéfique pour tous”. Ces défenseurs naïfs veulent nous convaincre “qu’un capitalisme à visage humain” est possible.

Ce qu’ils ne voient pas c’est que :

- le guide suprême du monde capitaliste, son moteur, c’est le profit.

- il n’y a pas une économie qui produirait pour les besoins humains et une autre guerrière. Il n’y a qu’une et une seule économie capitaliste dont chaque unité de production est en guerre contre les autres pour décrocher les meilleures conditions de réalisation de profit.

- paradoxalement, alors que le capital est basé sur l’exploitation de la force de travail, il se porte d’autant mieux qu’il sait se passer de bras … tout en exigeant de nous que nous soyons de parfaits petits soldats en ordre de marche pour servir de chair à travail … comme de chair à canon !

- les périodes qu’ils appellent “temps de paix” ne sont qu’un moment de la guerre permanente qui est menée contre nous.

- les traités de “paix” mettent sur papier le résultat d’un rapport de force gagné par les armes. La “paix” n’est qu’un grand cimetière. Le capital se repaît du sang des morts. Des cendres, jaillit le nouvel élan économique.

- la “paix” n’est qu’un moment d’un rapport de force construit sur notre soumission.

- ce qu’ils appellent la paix n’est qu’une mystification destinée à ne rien changer, à naturaliser notre condition d’exploités.

- la “paix” n’amène que de nouvelles périodes de guerre ouverte toujours plus destructrices.

- le profit capitaliste est en guerre contre tout le vivant: camelote, pollution et toxicité généralisées, multiplications des maladies dégénératives, bombardements de pesticides, herbicides qui détruisent faune et flore et rendent l’espèce humaine stérile, production de médicaments qui sont autant de petites bombes chimiques qu’on nous force à avaler et qui nous détruisent de l’intérieur, technologies qui nous passent aux rayons, vaccins qui détruisent notre système immunitaire, notre capacité de réponse.

- investir dans la “paix”, la recherche, le progrès c’est de toute façon investir dans la guerre.

Le secteur de la recherche militaire, directement soutenu par toutes les banques du monde, est au centre du progrès capitaliste, il stimule tous les autres secteurs de l’économie, c’est là que s’investissent en priorité les capitaux nécessaires à la valorisation. Les guerres sont nécessaires au contrôle des populations et génèrent des intérêts commerciaux incommensurables, les conflits armés sont indispensables au bon fonctionnement du capitalisme[1]. Les budgets pharaoniques votés chaque année par tous les gouvernements, financés par toutes les banques du monde, alimentent, avant toute autre chose, la machine de guerre… économique.

La recherche, le développement sont d’abord et avant tout orientés vers la production d’armes et d’équipements de surveillance où tous les secteurs de l’économie sont impliqués. Tous suivent le mouvement général de la course au profit. Qu’il s’agisse de faire progresser les secteurs de l’industrie automobile, la sidérurgique, l’industrie chimique ou pharmaceutique, pétrolière, agroalimentaire mais aussi les secteurs écologiques, touristiques, éducatifs, ergonomiques ou médicaux,… ce qui importe c’est la rentabilité.

Tout le système économique repose sur ces entreprises, petites, moyennes et grandes qui sont chargées de fournir les pièces, parties de pièces, services qui vont permettre de le faire fonctionner. Toutes ces entreprises se disputent les marchés pour tenter de décrocher le gros lot qui leur permettra de se maintenir en haut du panier. Que cela soit avant, pendant ou après un conflit ouvert, les perspectives de profits sont prioritaires.

Les soi-disant séparations entre guerre et paix, industrie militaire ou civile, secteur scientifique, industriel et militaire sont ineptes. Ce ne sont que des fadaises développées et entretenues par la puissante idéologie “d’un possible capitalisme à visage humain”. Ceux qui ânonnent ces idioties ne veulent pas voir les choses en face: la recherche, la science, le progrès sont d’abord axés sur des applications militaires qui trouvent ensuite des débouchés dans le civil.

Quand l’industrie automobile produit des chars ou des voitures, quand l’aéronautique produit des bombardiers, des chasseurs, des fusées ou des transporteurs de troupes ou civils, c’est la guerre ou c’est la paix ?

Quand les systèmes de surveillance militaires envahissent les villes, quand le policier se transforme en robocop, quand le sans papier se noie en mer,… c’est la guerre ou c’est la paix ?

Quand les campagnes militaires s’avèrent être des opérations de police, (check points, rafles, généralisation des camps ou ghettos,... ), c’est la guerre ou c’est la paix ?

Quand les armes au laser déchirent les corps, quand la médecine lobotomise au laser, c’est la guerre ou c’est la paix ?

Quand les centrales nucléaires produisent des bombes atomiques, quand l’agroalimentaire irradie les aliments, c’est la guerre ou c’est la paix ?

Quand les systèmes de communication téléphonique militaires deviennent Internet, face book, c’est la guerre ou c’est la paix ?

Quand l’industrie chimique fabrique des pesticides, des médicaments ou des bombes, quand la bouffe devient toxique, quand la médecine nous empoisonne, quand les vaccins détruisent notre système immunitaire, quand les camisoles chimiques se généralisent pour contenir notre colère,… quand l’air devient irrespirable, c’est la guerre ou c’est la paix ?

Quand notre survie dépend uniquement du fait de trouver un travail dans ces entreprises qui sèment la mort,… c’est la guerre ou c’est la paix ?

La dépossession, la propriété privée, l’esclavage salarié,… la loi du profit,... Il n’y a aucun doute, c’est avant tout une guerre systématique menée scientifiquement contre nous et contre tout ce qui est vivant sur terre. Voilà le seul visage du capitalisme.

Il est impossible et illusoire de vouloir distinguer le militaire du civil, ce ne sont que les deux faces d’une même réalité, celle de notre exploitation quotidienne. Leur progrès n’a nullement pour but d’améliorer quoique se soit de notre quotidien. Le progrès c’est le progrès des armes, des instruments d’oppression, de surveillance, de répression,… Le progrès c’est le perfectionnement de l’exploitation de notre force de travail. Il n’est de système qui n’ait engendré avec autant d’ampleur les famines, les exils, les exterminations, le dénuement le plus total. Il n’est de système qui n’ait engendré de guerres aussi meurtrières.

Recherche, science et guerre se confondent et c’est toujours sous couvert d’applications pacifiques, de perspectives de santé publique, de lutte contre la faim dans le monde, de sécurité énergétique… qu’ils justifient leurs inventions mortelles. Dans cette logique là, il n’y a pas de place pour l’être humain. Quand les défenseurs du fric éthique nous disent que “la technologie n’est ni bonne ni mauvaise et que tout dépend de ce qu’on en fait” ils reprennent à leur compte (en banque) le mythe d’une science neutre et tentent de nous vendre une ultime tentative de sauvetage de leur monde moribond. Ces indécrottables croyants refusent une fois encore, de voir la catastrophe capitaliste qui est en marche.

Le capital ne lutte pas et n’a pas l’intention de lutter contre la faim, la misère, la pauvreté dans le monde,... Sa richesse ne peut s’accumuler qu’en développant la pauvreté. La guerre est un moteur indispensable à son bon fonctionnement. Le capital ne s’occupe de la misère que dans la mesure où la révolte contre celle-ci menace son existence. Il met alors en branle tout son arsenal: opérations militaires, plans de réforme sociale,... développement des contrôles et surveillances,... Il s’agit toujours de répression.

Mettre son fric dans une production propre ? Foutaise non ?!

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Note 1


Les conflits militaires ont entre autres pour but la rentabilisation des investissements et la vérification de l’efficacité des nouvelles inventions militaires (bombes derniers modèles, drones de toutes tailles et tous usages tant pour surveiller que pour bombarder, harnachement dernier cri de soldats robotisés, nouveaux moyens de communication, véhicules blindés,…). Toutes ces inventions militaires ont leurs applications et leur rentabilité civile, non pour améliorer notre vie mais bien pour étendre la logique de guerre du profit contre l’humanité à tous les aspects de la vie. Les ondes radars dont les performances militaires ne sont plus à prouver deviennent fours à micro onde qui détruisent la bouffe que nous ingurgitons à la va-vite pendant la pause boulot. Le nucléaire dont les capacités de destruction ont fait leurs preuves, s’applique à la médecine. Les systèmes de surveillance militaires sont directement appliqués sur les populations civiles pour défendre la propriété privée.

Les pesticides, les nitrates, les herbicides et les engrais ont d’abord été des armes chimiques utilisées lors de conflits armés (défoliants, agent orange, napalm, explosifs,…). Il fallait écouler les stocks et l’agriculture constituait un marché à conquérir. Cela a permis de continuer à en produire et à en vendre et du même coup de rendre les agriculteurs plus dépendants, de déposséder toujours plus l’humanité de la terre et de tout moyen de vie. Les chars ont été convertis en tracteurs… Quand c’est nécessaire, toute l’industrie automobile est immédiatement convertible soit en production militaire soit en production “civile”. C’était la “révolution verte” de l’après 1939-’45 ! Vive le progrès !

Le capitalisme en crise oblige toutes les entreprises à rationaliser; c’est dans ce sens que toutes les armées du monde ont dû saquer du personnel et réduire leurs infrastructures permanentes, ce qui a permis le développement exponentiel de la sous-traitance de la gestion des opérations de police partout sur la planète. Cette sous-traitance a pris les formes les plus diverses: le transport aérien, le déminage, la construction et la gestion des camps militaires, le transport des troupes et leurs équipements, la restauration des troupes et l’évacuation des morts, les missions de formation des militaires et des policiers, la collecte de renseignements, la protection rapprochée, la défense des entreprises et institutions, la sécurité maritime, le soutien médical. En 2008, 571 000 contrats ont été passés pour une valeur estimée à 165 milliards de dollars pour assurer ces missions de police. En 2010, on estime à 1300 les entreprises qui se partagent le gâteau de la machine de guerre.

Un exemple, la multinationale Sodexo: présente dans 80 pays et dont le capital en € est estimé à 15,3 milliards, qui emploie 380 000 personnes et qui, au nom du progrès social et de la diversité, s’est spécialisée dans la restauration collective (entreprises, écoles, services à domicile,…). En 2011, Sodexo a décroché un contrat de 670 millions d’€ pour alimenter 31 bases de la marine américaine; elle est aussi présente sur 1168 sites de défenses et 119 prisons. Au nom de la défense des droits humains, de la lutte contre la faim et la malnutrition, Sodexo organise une fois par an une opération de collecte d’aliments appelée Servathon. Ces collectes sont redistribuées à 277 ONG. Depuis 2010, Sodexo fournit les entreprises en café issu du “commerce équitable” et du thé 100% bio pour la défense du “développement durable” et de l’environnement. Comme quoi le “commerce équitable” et le “développement durable” ne s’embarrassent pas de faire partie de l’infrastructure militaire.

Avant, pendant et après tout conflit militaire, tous les secteurs se bousculent au portillon pour profiter de l’aubaine. En Irak, c’est Burger King et Pizza Hut qui ont décroché les contrats pour alimenter les bases américaines, de même à Guantanamo Bay. En Irak encore, les caméras de surveillance ont été prises en charge par des entreprises anglaises, les clôtures et murs haute technologie l’ont été par des boîtes israéliennes, les préfabriqués par des entreprises canadiennes,… les assurances américaines ont empoché 60 milliards de dollars. Lorsque les USA ont fait transférer une partie des troupes d’Irak en Afghanistan, 150.000 sous-traitants sont restés sur place pour assurer la surveillance des chantiers de reconstruction et la protection des administrations officielles.



[1] Note déplacée en fin de texte.

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