Saturday, October 22, 2011

Présentation



Comment cette brochure est-elle née ?

Ça commençait à nous énerver de voir les appels à “économiser l'énergie”, “réduire l'empreinte écologique”, “trier les déchets”, “consommer équitable”, “investir éthique”,... remettre tant de volontés de “faire quelque chose” sur les rails de la soumission! (Eux appellent cela la “responsabilisation citoyenne” !)

Ça nous énervait de voir tant de personnes autour de nous tomber dans les pièges tendus par l'État pour empêcher que notre ras-le-bol débouche sur une réelle remise en question de ce monde. Et ce qui nous frappait en premier, c'était cette absence d'instinct de classe qui fait dire: tout ce qui vient de l'Etat c'est contre nous.

Bien sûr, l'Etat sait y faire. Il sait partir de problèmes réels tels: le fait que la planète croule sous des montagnes d'immondices (et dangereux qui plus est !), que la population mondiale est de plus en plus parquée dans des bidonvilles, des camps, des ghettos, que le fossé entre richesse et pauvreté est chaque fois plus profond et large, que des choses aussi vitales que l'accès à la terre, l'eau,… sont propriétés privées de quelques uns, que la dépendance vis-à-vis du salaire est chaque fois plus importante à l'heure même où le travail devient une denrée rare. Et il sait mettre en place de fumeux projets de réforme qui détournent notre attention des réels problèmes et ne font qu'aggraver la situation.

L’État se fait écologiste parce qu'il ne peut pas nier la catastrophe générale et qu'il doit mettre en place des chicanes pour éviter que tout n'explose et notre colère en premier.

Pour commencer, il tente de faire retomber la responsabilité de tous ces problèmes sur nous! C'est à nous qui avons été réduits à devenir les forçats de ce système, que revient la tâche de trier ses excréments et de panser ses plaies! Mais en quelque sorte, oui, nous sommes responsables, dans la mesure où notre révolte contre ce monde est bien trop éparpillée!

Comme la plupart des idéologies, l’écologisme tente de tout ramener à un problème de mauvaise gestion et évite de toucher aux réelles causes des problèmes. Jamais ses défenseurs ne font le lien entre comment les hommes sont traités et comment tout ce qui les entoure est traité. Comme toute idéologie, l’écologisme sépare toutes les questions, refuse de voir la cohérence qui existe entre l'exploitation de l'homme par l'homme et l'exploitation de la “nature” par l'homme. C'est pourtant le même rapport de domination, d'exploitation, de destruction.

Les écologistes restent à la surface des choses et s'adressent au “consommacteur”, lui faisant croire que par le fait d'investir politiquement ses achats, il peut changer le monde. Mais si tant de produits sont nocifs, toxiques et polluants, pourquoi continuent-ils à être produits? Pourquoi les écologistes ne s'attaquent-ils pas au mobile de la production: le profit? Pourquoi évitent-ils de toucher à l'essence du problème: la course au profit seule responsable du fait que la société dans laquelle nous vivons est guerre de chacun contre tous, guerre de classe, guerre contre le vivant?

Les écologistes n'interviennent qu'en queue de processus et nous propose de choisir entre deux catastrophes. Et, pire encore, les réponses écologistes données aux problèmes sont toujours des pis aller qui ne font qu'empirer la situation.

La fonction des écologistes: aider l’État à colmater les failles du système et prôner l'austérité.

Les articles qui suivent répondent au besoin de nous mettre au clair vis-à-vis de toutes ces questions. Nous en sommes arrivés à montrer en quoi

- le tri des déchets organise un contrôle social toujours plus grand,

- la “réduction de l’empreinte écologique” est un moyen de faire adhérer aux mesures d’austérité,

- le mythe des banques “éthiques” nourrit le mirage comme quoi l’argent pourrait répondre aux besoins humains,

- il n'y a pas de production qui ne soit liée à la guerre,

- les micros crédits contribuent à une plus grande dépendance et pauvreté,

- le troc reproduit toutes les catégories propres à l'économie capitaliste,

- il n'y a pas de solution locale qui soit possible.

Ce que nous en avons écrit jusqu'ici est forcément incomplet et mérite d'être approfondi. Cette brochure n'est qu'un moment du développement de notre critique. Continuons à la développer et à la porter ensemble.

Le tout écologiste fait rage et les appels à la responsabilité citoyenne sont des appels à la soumission. Il est temps de réagir.

Développons nos réseaux d’information et de diffusion, de réflexion et d’action.


Sommaire :

Présentation

Servitude écologique

L'argent, une valeur humaine ?

-Les banques éthiques, promesses en toc !

-Vous avez dit: "argent propre" ?

-La pauvreté, un marché qui se révèle lucratif !

-Micro crédit, macro arnaque!

La grande escroquerie du troc !

NON aux "solutions" locales !





Servitude écologique


Servitude écologique


Toi, PETIT ! Tu te “responsabilises” par rapport à la dégradation de la planète, en triant tes poubelles, en économisant ton eau, ton électricité,…

en te serrant la ceinture pour permettre aux magnats de l'industrie de continuer à polluer en toute tranquillité ! Ça c’est de la responsabilisation !!!

  • Pourquoi la société encourage cette “responsabilisation”?

Parce que c'est une façon de faire accepter l'austérité. Économiser l’eau, le gaz, l’électricité,…

“Sauver la planète” disent-ils. Belle astuce pour faire passer leur besoin de nous serrer la ceinture! Et pourquoi pas arrêter de respirer ?! Et on n’en est pas loin !

Pendant qu’on nous empoisonne et qu’on nous met de plus en plus de chicanes, ils se pavanent à des sommets où se négocient les permis de polluer. Tout s’achète et tout se vend. Les émissions de gaz toxiques ça rapporte!

Toi, petit, tu dois te serrer la ceinture, pour que les grands de ce monde puissent continuer à s’engraisser.

Et si tu acceptes ces restrictions, ne nous fais pas croire que c’est par grandeur d'âme! C’est avant tout par rapport à ce que tu as dans ton portefeuille! Ça fait écho à ces atavismes: épargner, “le bonheur c'est pour l'au-delà”,… avec lesquels on nous a matraqués pendant des siècles. Tu économises sur la qualité de ton alimentation, sur la qualité de ton sommeil,… tu t'empêches de vivre … pour le bien de cette économie qui détruit tout sur son passage.

Dans ce monde tout est argent. Et pour te faire accepter cette servitude sans broncher, l’Etat l’entoure d’un bel emballage vert écolo !

  • Pourquoi accepter cette soumission à l’austérité ? En quoi ça nous paraît naturel ?

“C’est toi qui pollues!”

Les maîtres de ce monde veulent te faire porter le poids de leurs crasses. Ils te culpabilisent. Facile! Un des piliers de cette société c’est le sentiment de culpabilité sur tout et pour tout. Le résultat: on te fait ainsi porter le tonnage d'excréments des grandes usines sans scrupule.

La société nous culpabilise d’être là, de vouloir vivre, prendre du plaisir, respirer, boire de l’eau, de vouloir faire des enfants,... ça entame son profit. Elle ne nous tolère que comme machine à produire. Tu as seulement droit à ce qu'il te faut pour retrouver tes forces et retourner travailler le lendemain. C'est tout!

Grâce à la culpabilisation bien ancrée en nous depuis des siècles, cette campagne d'austérité fonctionne à merveille. Nous nous sentons redevables et tous coupables de cette soi-disant “richesse” dans laquelle nous vivons!

Mais de quelle richesse parlent-ils ?

On veut nous faire croire que nous sommes privilégiés, plus riches qu'“eux”, “là-bas”. Les pauvres des pays soi-disant sous-développés, soi-disant en voie de développement (ou, nouvelle terminologie à la mode “émergeant”), du soi-disant tiers-monde,… autant d’appellations pour te séparer d’eux et t’inventer une “richesse” qui te fasse honte et surtout te fait taire… pour entretenir un malaise toi pauvre, face à ces pauvres “qui n’ont pas la même chance que toi” !!! Ah qu’il fait bon d’être pauvre dans un pays “riche” !

  • Ils veulent nous vendre un calcul savant pour nous faire croire à une pseudo solution: “l'empreinte écologique” !!!

Ils veulent calculer ce que tu consommes par jour en essence, gaz, électricité, eau, nourriture, vêtements,… en hectare de forêt, sans faire de différence entre toi, Petit et les grands de ce monde!

L’empreinte écologique met tout le monde sur un pied d’égalité. “Les américains” consomment autant, “les chinois” autant, “les vietnamiens” autant, “les congolais” autant,… Mais quelle est donc cette égalité ?

Celle d’une industrie pétrochimique face à toi, petit ?!

Celle d'une centrale nucléaire face à toi, petit ?!

Celle d'une production à la Microsoft face à toi, petit?

Celle des mines de Coltan face à toi, petit ?! …

Celle des émissions chroniques de toxiques dans l’atmosphère, les sols, les océans, par des sociétés anonymes, cartels, trusts,… face à toi petit ?!

Celle de la construction des routes, des parkings, des ports,… face à toi, petit ?!

Cette égalité est tout sauf égale !

“Agir pour réduire ton empreinte écologique” !?! Premièrement, ça nous donne l'idée que toutes ces grandes industries tournent pour nous alors que c'est l'exploitation de notre force de travail, le sacrifice de nos vies qui les font tourner. Nous perdons notre vie à la gagner!

De plus, ça te donne l’idée que toi individu, coupable de consommer ces produits qui t'intoxiquent, tu peux enfin faire quelque chose, tu peux racheter ta faute. On te dit que tu peux, à ta petite échelle, être acteur de changement. Et on te plonge la tête dans tes poubelles.

“A genoux, pénitent d'avoir tant consommé”!

Ne vois-tu pas que c’est une parade pour que tu ne t’occupes pas de là où se trouvent les réelles responsabilités? L'Etat te fait voir petit pour que tu élimines toi-même toute perspective de remise en question radicale.

L'empreinte écologique et le bel emballage vert écolo sont des fausses réponses de la société aux problèmes de pollution; elles nous détournent des réelles causes et du lien avec nos conditions de vie qui, tous les jours, s’aggravent.

  • Au nom de quoi te fait-on subir tout ça !? Au nom du progrès !?

On veut t'imputer les dégâts des routes, des ports, des aérodromes, des mines de Coltan et le reste,… Mais pourquoi existent toutes ces choses? Pourquoi existent la voiture et le téléphone portable[1], etc.? Pour faire circuler les marchandises, pour nous faire aller travailler, pour gagner du temps, pour produire plus vite, pour contrôler notre emploi du temps, nous envoyer nous requinquer sur une plage bondée… Dans quel but? Dans le seul but de faire du profit, plus d’argent! Vive le capital!

Et toi, Petit, quel impact cela a-t-il sur toi?

Toujours plus d'empoisonnements par le stress, la bouffe, les médicaments, la pollution électronique, l'ignorance, l'abrutissement, la misère des relations, des loisirs,...

Waouw ! Vive le progrès !!!

On en arrive à oublier le principal qui est: que nous ne vivons pas dans une société dont le but serait le bien-être humain, nous vivons dans une société de classe dirigée par l'argent; c'est le profit contre les besoins humains, c’est les riches contre les pauvres, les bourgeois contre les prolétaires, la mort contre la vie !!! Où toi, Petit, tant que tu ne te réveilles pas, t’es en train de crever !

  • Contre cet emballage vert !

Tu penses que les maîtres du monde cherchent une solution à cette merde ambiante? Qu’ils veulent t’aider et sauver la planète ?

NON, ils cherchent juste à protéger leurs intérêts… leur profit immédiat, sans scrupule quant à la destruction de la planète, de l'homme et de tout ce qui l'entoure ! Tout au plus se sentent-ils concernés par la pollution dans la mesure où elle empêche leur tiroir caisse de fonctionner.

Et ce ne sont pas les écolos qui vont changer le monde. La réponse des écolos est simple, ils te vendent un sac poubelle… pour que tu le remplisses de bonne conscience.

Quand les gens se posent trop de questions, l’État se doit de donner d'apparentes réponses pour que nous restions soumis. L’écologisme, aujourd’hui, est cette réponse.

Les grands de ce monde ont accaparé toutes les sources d'énergie et ont fait main basse sur toutes les richesses de ce monde; ils nous ont privés de tout accès à la terre, aux rivières et aux océans, ils nous ont rendus esclaves de leurs productions, dépendants de leurs salaires de misère.

Ils polluent sans compter, sont responsables de la dégradation chaque jour plus profonde de notre quotidien, et ils pointent la consommation d'eau, de gaz, d'électricité, de bois, de pétrole,… de Toi, Petit!

Ils cherchent à te culpabiliser pour que tu te serres volontairement la ceinture et que tu arrêtes de réfléchir. Ils te plongent la tête dans tes poubelles pour que tu te fasses encore plus petit, que tu courbes encore un peu plus l'échine.

Les écolos mangent à la même table que les grands de ce monde. Ils ne veulent pas changer cette réalité. Les écolos (de toutes tendances) font partie intégrante de cette machine à polluer.

On te dit que tu vas sauver la planète en triant tes poubelles!

C'est pour mieux te cacher la réalité, la réalité de la propriété privée et des rapports d’exploitation.

On veut nous faire croire qu'il n'y a plus assez d'eau potable disponible!

Le vrai problème est la propriété privée, l’eau est privatisée et son accès en est contrôlé. Alors que c’est un besoin humain vital, il faut payer pour en avoir ! Si tu n’as pas de sous, tu peux crever de soif !!! Et même si tu as des sous elle est de moins en moins bonne qualité. La bonne eau c'est pour les riches !

Ceux qui possèdent tout et ceux qui ne possèdent rien !

Ceux qui ne possèdent rien sont dépendants d’un travail, d’un salaire.

Si tu n’arrives pas à te vendre, tu crèves !

  • Conclusion

L'idéologie écologique, l'écologisme n'est pas quelque chose de nouveau mais en quelques décennies c’est devenu le centre de campagnes de plus en plus envahissantes. Toutes sortes de colloques, conférences, sommets,… tous les rouages de l'Etat se mobilisent pour nous embrigader dans ces campagnes.

Mais les réponses de l'Etat sont aussi idiotes qu'assassines. Halte à la croissance, pour la décroissance, croissance durable… alors que tout capital ne survit qu'en s'accroissant, qu'en se reproduisant de façon élargie, en n'obéissant qu'à son profit immédiat! Halte au capital! Voilà qui n'est pas dit!

Quand un problème est trop criant, l’Etat est obligé de le prendre en considération mais il est tout à fait incapable de le prendre à la racine parce que ce serait reconnaître la nécessité de son autosuppression. Il ne fait alors que le reporter et la plupart du temps, le remplace par un autre plus grave encore. Il ne fait qu'approfondir la catastrophe générale. Remplacer les gaz toxiques par les déchets nucléaires … nous voilà bien servis!

De plus, le discours écolo vient à point pour faire passer des augmentations des taxes et autres ponctions sur les salaires,… Et quoi de mieux que de se servir de réels problèmes pour faire augmenter le taux d'exploitation. Vive le capital!

Il s'agit donc toujours de préserver le capital, son développement, sa capacité à faire du profit.

L'écologisme ce sont de nouvelles entreprises, l'exploitation de nouvelles sources d'énergie, des entreprises de recyclage, des bâtiments aux nouvelles normes à construire,… le développement durable ça rapporte,… Les éoliennes, les panneaux solaires, les banques éthiques… autant de nouvelles perspectives de profit.

Aujourd’hui toute marchandise est “verte”, “écologique”, “durable”,... Faire jouer la fibre de la culpabilité et du sacrifice,... pourvu que ça fasse augmenter les ventes !

Certains misent sur les futures catastrophes pour développer leurs capacités à intervenir rapidement et s’en mettre plein les fouilles ! Exemple: grâce au Tsunami de 2005, plusieurs hôtels de luxe ont pu s’installer sur les restes de petits commerçants, petites auberges, petits bistrots,…

L'écologisme appuie le mouvement de centralisation des capitaux dans chaque fois moins de mains et le développement des bidonvilles.

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“Aujourd’hui même nous sommes fiers de pouvoir recycler votre merde et en faire des burgers!”

Au Japon, un scientifique a réussi à recycler les excréments pour en faire des steaks. Petit problème: il faut nous convaincre de manger notre propre merde et de deux, le procédé de recyclage coûte cher, il n’y en aura pas pour tout le monde!

Que c’est beau le progrès !!!

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A force de plonger la tête dans nos poubelles, nous ne voyons plus ce qui se passe autour de nous.

Il nous faut cesser de croire qu'il pourrait être efficace de mettre des pansements sur un corps pourri à la base. De cette façon, nous ne touchons pas à la racine du problème. Des pansements tel que le “recyclage” ne changent rien, au contraire. La saloperie continue à s’entasser !!! Les armes continuent à être produites pour mener la guerre du profit !!!

Au lieu d’arrêter cet engrenage, nous le graissons.

Arrêtons de nous voiler la face !!!

Si ce n'est pas nous, Petits, qui commençons à foutre le feu aux poubelles, qui le fera ?!

Arrêtons tout et tout de suite… Arrêtons cette machine infernale.

Nous sommes des millions! Prenons conscience de notre force!



[1] Lire à ce sujet une étude assez complète sur les nuisances du téléphone portable: “Le téléphone portable, gadget de destruction massive”, publiée en juin 2005 à Grenoble (également connue sous le titre : “Pourquoi n'y a-t-il plus de gorilles dans le Grésivaudan?”).

Banques éthiques, promesses en toc !

Banques éthiques, promesses en toc !


Le fric éthique, c’est chic fait partie de ces slogans nouvelle mode qui tentent de rallier au sauvetage du capitalisme quelques consciences effrayées par la catastrophe quotidienne de ce monde.

A l'heure où il apparaît de plus en plus clairement que ce qui pourrit tout -la planète et tout ce qui y vit, et au centre de ce marasme, l'être humain- c'est l'argent,… la bourgeoisie veut nous persuader qu'il existerait un argent éthique, un argent propre, un argent solidaire, un argent humain !

Alors que le “bon sens populaire” fait dire que fric et éthique ça ne peut pas rimer[1], on nous vend des formations pour nous persuader que l'argent c'est une énergie qui tourne et que nous aurions tort d'avoir des scrupules à participer à cette ronde insatiable.

Ainsi, au Tibet alors que les lamas étaient de toutes les révoltes prolétariennes, le Dalaï Lama, en bon chef d'Etat qui se doit de défendre le monde de la valeur, leur a donné comme consigne: enrichissez-vous!

Alors que le sacro-saint pognon engendre toujours plus guerre, expropriation, misère, exploitation, souffrance, faim, maladie,… alors que toute rébellion contre ce monde de l'argent voit se dresser contre elle les forces de répression, la torture, la prison,… les bourgeois tentent de nous faire croire qu'il serait possible d'investir dans des entreprises bienfaisantes, à visées humaines.

Capitalisme à visage humain, économie verte, commerce équitable tous les termes sont bons pour nous faire croire à un capitalisme bio-éthique à développement durable! Faire durer leur système, ça oui c'est sûr qu'ils le veulent. Que le profit qu'ils en tirent soit durable! Voilà bien le seul mobile de toutes ces campagnes moralisantes.

Une planète propre, grâce à l'argent propre -énergie renouvelable!-, la guerre bio-dégradable, le génocide éthique, l'exploitation durable, la torture blanche, la ligne verte,… voilà l'opération de grand nettoyage entreprise par la bourgeoisie.

Mais pour cela ils ont besoin de nous faire adhérer aux multiples réformes de ce système moribond.

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A l’heure où la mobilisation du citoyen/électeur ne fait plus recette, dégoûtés par des décennies de pratiques politicardes dont il ressort que seules les affaires de gros sous ont droit de cité, la bourgeoisie veut redonner un sens au mot citoyen, le revigorer, le remettre au goût du jour… En fait, elle ne fait qu'utiliser la trouille que génère l'insécurité générale pour continuer à faire des affaires et donner l’illusion que chacun, à son petit niveau, peut changer le cours catastrophique du monde capitaliste en soutenant des investissements politiquement corrects.

Banque éthique: une banque qui fait de l'argent propre une nouvelle façon d'investir.

Alors que la confiance dans le système bancaire en a pris un coup, les bourgeois cherchent à relancer l'épargne et regonfler leurs avoirs. Pour cela ils ont besoin de citoyens épargnants soucieux d’un monde plus juste qui acceptent au nom d'un devoir moral… toujours plus de sacrifices.

Voyez l'image du petit, courbé sur son petit tas d'argent, le comptant et le re-comptant, aussi courbé qu'il l'est au travail, sur un geste qui n'a ni queue ni tête, aucun sens sinon celui de finir sa journée. Voilà ce dont a besoin la bourgeoisie, de l'idiot utile, épargnant, se serrant la ceinture, se sacrifiant jusqu'au bout pour le plus grand bien du capital.

Re-mobiliser les citoyens qui ont de bonnes intentions et les responsabiliser dans leurs choix… de citoyens. Nous éloigner de tout instinct de classe qui pourrait nous entraîner à tout envoyer balader, non seulement l'éthique mais le fric qui va avec!

Pendant des siècles, la bourgeoisie nous a fait bouffer du progrès à toutes les sauces sous les auspices de la déesse Science. Le capital a développé la camelote à tout va et aujourd’hui, ils nous disent que notre confort coûte cher et nous gavent de sciences du recyclage, du souci d'économie de l’énergie, de sauvegarde de la planète, de développement durable, de simplicité volontaire, etc. Le capital veut laver plus blanc que blanc. Aujourd’hui, sous le goupillon de l’écologisme, l’humanitaire, l'éthique,... tout pourrait retrouver un sens moral pourvu qu’on y mette un peu du sien. La bourgeoisie cherche à se blanchir de ses guerres et de sa responsabilité d'avoir conduit le monde à la catastrophe.

Et alors que les manifestations de cette catastrophe sont toujours plus criantes, ils tentent de nous faire croire qu'il est possible de changer le monde de l'argent…. avec de l'argent! Comme s’il existait une terra incognita sur la planète pognon où un investissement aurait d'autres règles que celle d'accroître, toujours plus accroître le capital.

La concurrence entre capitalistes fait rage, le droit de polluer se vend, s’achète et est coté en bourse. L’industrie militaire est florissante. Les catastrophes soi-disant naturelles sont une aubaine pour les capitalistes et pour mettre au pas le prolétariat et pour engranger toujours plus de profit… Mais nous serions au début d’une véritable révolution qui part de la base… et qui démontre qu’il est possible de bâtir une économie recentrée sur l’homme, une nouvelle économie fraternelle. Les notions de profit et de solidarité pourraient bien cesser de s’opposer pour devenir complémentaires!

La réalité: le capitalisme a instauré la dictature du profit et celle-ci se nourrit de chair humaine. L'histoire de l'humanité n'a cessé de démontrer qu'il y a antagonisme irréversible entre argent et besoins humains. Le règne de la marchandise, c'est la guerre de chacun contre tous. La seule révolution possible est celle qui détruira ce système basé sur la transformation de toute chose en capital à commencer par la grande majorité des êtres humains qui eux-mêmes sont devenus marchandises et qui n'ont d'autre moyen de vie que de se vendre jour après jour contre un salaire.

La catastrophe du système capitaliste est chaque jour plus criante et nous devrions être solidaires du fait que les espaces de valorisation des capitaux sont de plus en plus confinés. Le capital manque d'air et nous devrions lui céder notre oxygène, lui qui a accaparé toutes les richesses de la planète, en a saturé l'atmosphère de gaz toxiques, la terre et les océans de pesticides, plastics, antibiotiques, déchets nucléaires,…

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Que font les banques de votre argent? Peut-on investir dans des activités qui ne respectent ni l'humain ni la nature?

Ceux qui croient aux fadaises débitées par ces bourgeois en mal de liberté d'entreprise, se rendent incapables d’envisager un monde qui mette réellement au centre de sa dynamique l’homme en particulier et la vie en général. C'est la perte de confiance en la capacité à révolutionner ce monde de fond en comble qui pousse des centaines de milliers de couillons à investir leur fric dans des banques éthiques.

Souhaitez-vous continuer de fermer les yeux sur ce qu’on fait avec votre argent ou préférez-vous appliquer vos principes? Vous! Individus citoyens, vous avez le pouvoir. Vous pouvez changer le monde en ciblant vos investissements.

Plus le rapport au capital est impersonnel, plus crûment apparaît que le seul réel dirigeant c'est l'argent, le capital, le profit, plus ils essaient de nous faire croire que tout est question de choix politique, de choix de gouvernance,… de choix d'investissement.

Ils nous promettent la traçabilité des investissements!

Nous est ainsi donnée l'illusion qu'il serait possible de contrôler l’utilisation que font les banques de notre argent. Pour nous appâter, les banques promettent de ne pas soutenir la production de mines anti-personnelles, les laboratoires qui mènent des expériences sur les animaux, les économies régies par des gouvernements indésirables, le blanchiment d’argent,… et de soutenir le développement durable, le commerce équitable, la consommation verte, la réduction de l'empreinte écologique, la sécurité du travail, la justice sociale, le respect des droits de l'homme, etc. On a même droit à des banques halal qui prétendent exclure tout investissement dans des entreprises produisant de l’alcool, de la pornographie ou de la viande de porc… Il y en a pour tous les goûts citoyens.

Mieux encore, on nous vend des banques qui prétendent combattre la pauvreté dans le monde grâce à la promotion des micros crédits, des banques qui investissent avec leur cœur… Quelle générosité !

Les banques qui ont le vent en poupe dans le secteur sont Triodos Bank et Okobank. Elles nous vendent du financement à plus-values sociales et écologiques. Soulignons la formule! Après la bio-éthique, c'est la meilleure.

Pour participer à leurs programmes d’épargne solidaire, il suffit d’ouvrir un compte Triodos dans votre banque habituelle. Qu'est-ce à dire? Ce système d’épargne est intrinsèque aux grandes banques telles que Deutshbank, BNP-Fortis[2], KBC, HBK banque d’épargne, Dexia, Banca Etica Italiana, Cooperative Bank, etc.[3] qui grâce à ces nouveaux produits financiers se rachètent une virginité.

Dans ce système d’épargne on retrouve aussi les charognards habituels qui s’abreuvent à toute la misère du monde tel qu’Oxfam, Greenpeace, Max Haevelaer,…

Quant à des entreprises telles que Petrofina, MacDonald ou Carrefour… ils s’achètent la respectabilité en investissant dans l’électricité verte ou en faisant des prêts promotionnels à des organismes agréés et estampillés éthiques...[4]

Bien sûr, la transparence des banques s’arrête au prorata de l’investissement consenti. Vous pourrez suivre les premiers pas de votre épargne mais quant à penser que vos petits sous ne participeront pas à d'autres plans… vous vous leurrez!

Sans avoir le nez dans leurs comptes, nous savons que l'argent ne s'investit que là où ça rapporte et qu'historiquement, les grosses fortunes se sont toujours amassées sur des monceaux de cadavres. Finalement, le coup de génie de ces banquiers est à hauteur de la bêtise du citoyen épargnant responsable. Peu importe que ces mêmes banques investissent dans l’armement, l’industrie chimique, pharmaceutique, nucléaire, les mines de métaux précieux, la drogue, la prostitution, le commerce d'organes, le trafic des déchets toxiques,… Ethique ou pas pourvu que l’affaire soit juteuse. L'art est de faire de l'éthique du fric. N'avez-vous pas remarqué la propension de tous les gouvernements à tout à coup trouver démocratiques les régimes auxquels ils vendent des armes?

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Banques éthiques: vos valeurs nous intéressent. Ces derniers mots avoisinent bien plus la réalité: ils en veulent à notre argent ni plus ni moins. L'éthique c'est le discours pour nous emberlificoter.

Et d'un doigt accusateur, ils nous pointent: We need you! Quand il s'agit de partir en guerre pour défendre la citadelle capital, la bourgeoisie sait mobiliser.

Les investissements dits éthiques ne représentent finalement qu’un infime pourcentage du monde de la finance[5], mais ils sont idéologiquement importants. L'important pour les bourgeois est que le citoyen (investisseur potentiel) y croit. Qu'il croie qu'il est possible de donner un autre sens aux investissements que la simple course au profit! Qu'il croie que le système capitaliste a du bon et qu'il est possible de le réformer grâce à une meilleure politique, grâce à une meilleure gestion des affaires, grâce à la bonne volonté de ses dirigeants, grâce à la lutte contre la corruption,… grâce à la pression citoyenne! Qu'il croie en la possibilité de donner à l'argent un sens humain et surtout qu'il cultive sa passivité, sa soumission… Mieux encore: que chacun adhère activement à la reconduction de ce système, à en perpétuer l'existence, à le rendre plus durable que jamais.

Ceux qui adhèrent à ce type de plan financier n'ont finalement qu'une critique bien limitée du système: mauvaise gestion, carriérisme, ambitions personnelles, corruption, détournements de fonds, spéculation, libéralisme,… Ils restent à la superficie des choses et sont loin d'une approche de l'essence du mode de production capitaliste.

En plus ils se sentent redevables/coupables de leur petit confort et participent à cette puissante idéologie qui nous tient en laisse: là-bas c'est pire qu'ici. En conséquence, vous qui êtes plus riches vous pouvez faire un petit geste pour secourir ceux qui ont moins de chance. Et, en plaçant votre fric dans une bonne cause, vous pouvez ainsi vous acheter à moindre frais une bonne conscience puis, docilement, retourner au chagrin et, jour après jour, prendre amphétamines le matin, antidépresseurs à midi et somnifères le soir… en vous disant qu’ici on est vâââchement mieux.

Croire que par des investissements politiquement corrects ou encore des taxes sur les flux financiers (autre bêtise à la mode) l'économie pourrait répondre aux besoins humains est sans doute bien plus commode pour ceux qui veulent préserver leur petite tranquillité. L'argent sert à tout, même à s'acheter une bonne conscience.

Quant à ceux qui ne seraient pas intéressés par ces campagnes de bienfaisance on ne leur laisse pas le choix: ils font des dons sans le savoir. A chaque utilisation de leur carte de crédit, l'organisme financier auquel ils sont affiliés verse automatiquement un pourcentage à des organismes tels que la Croix Rouge, Greenpeace, Amnesty International… Le citoyen peut donc consommer non coupable en toute tranquillité.

Les banques éthiques ne sont qu’un os à ronger jeté aux crédules qui voudraient investir pour un monde meilleur. Cette question s’insère directement dans la campagne bourgeoise du tout écologique qui fait rage actuellement sur toute la planète. Utiliser la peur du lendemain, du manque, de la mort, de la contamination, de la maladie, de la misère, de la guerre,… pour tétaniser toute réponse de classe. Poser le problème en terme de choix individuel pour éviter le réveil social, la résurgence des mouvements collectifs, la solidarité de classe, voilà le sens moral des investissements éthiques.

Vous avez des questions, nous avons les réponses. Confiez-nous votre argent,... et laissez-nous faire. Continuez à avancer en aveugles, continuez à bosser du matin au soir et du soir au matin. Allez vous faire exploiter et gardez la tête penchée sur vos poubelles,… Nous nous occupons de tout. Voilà le pouvoir que nous confèrent les investissements politiquement corrects,…

Moins de bénéfice plus de morale. Ce ne sont certainement pas les bourgeois en général ni les banquiers en particulier qui croient à ces fadaises. Se serrer la ceinture avec la conviction que c'est pour notre bien; que nous vidions volontairement nos poches pour mieux remplir les leurs, voilà l'adhésion à laquelle ils aspirent.

Par ces campagnes citoyennes en faveur du fric éthique et des micro crédits, ils tentent de transformer notre force de lutte en impuissance citoyenne.

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D’un côté, il y a des milliards d’être humains exclus de tout moyen de subsistance, de l’autre, une minorité qui s’enrichit de manière exponentielle.

La bête capitaliste sue la catastrophe par tous les pores de son immonde carcasse, les places boursières menacent régulièrement de s'effondrer, tout appelle à une remise en question radicale, à une révolution de fond en comble, à l'éradication du monde de l'argent. Le capital est au bord du gouffre?! Poussons-le, qu’il s’y effondre définitivement !



[1] Bien que ce soit encore se faire des illusions sur ce que serait l’éthique dans ce monde tout imprégné des valeurs argent, travail, sacrifice, rédemption,…

[2] Ex-CGER (Centrale Générale d'Epargne et de Retraite) qui, en 1987, lançait via le Réseau Financement Alternatif des comptes épargnes appelés Cigale qui promettaient un bonus versé aux associations estampillées réseaux sociaux.

[3] Depuis les années 1980, les initiatives du genre se sont multipliées: Crédal (Crédit alternatif), société coopérative se promettant de ne pas investir en Afrique du Sud et qui a reçu de l’argent de Pétrofina pour promouvoir la réintégration sociale des exclus. Netwerk Zelfhulp Vlanderen en Flandres, Okobank en Allemagne. La Nouvelle Economie Fraternelle (ou NEF) en France. La Banque Alternative en Suisse…

[4] En 2010, une banque éthique européenne (la FEBEA) naissait de la fusion de la Nouvelle Economie Fraternelle (France), la Banca Popolare Etica (Italie) et la Fiare (Espagne). Le secteur est prometteur avec un taux de croissance évalué en 2008 entre 20 et 30%.

[5] Par exemple la NEF ne représente qu’un dix millième de la BNP.